Raymond Depardon : photos et campagne en un seul spectacle

Raymond Depardon : photos et campagne en un seul spectacle

17 avril 2022 0 Par

Le photographe et cinéaste Raymond Depardon expose jusqu’au 24 avril 2022 au Pavillon Populaire de Montpellier. Les communistes mettent en avant des villes occitanes qui se sont opposées, il y a dix ans, à l’autorisation d’utiliser le gaz de schiste sur leurs terres. Pour Depardon, c’est aussi un art du service rural.

Certains artistes représentent un monde triste, mort-né, beau. Mais il y a Raymond Depardon. La Fondation Cartier a récemment publié une série de 80 photographies réalisées pour l’exposition Communes qui se tient au Pavillon du Peuple à Montpellier. Il suit le parcours de l’artiste dans dix villes occitanes touchées par la consommation de gaz. En 2010, le Département de la transition écologique a accordé à l’entreprise texane le droit d’exploiter le territoire de plus de 280 communes et son demi-million d’habitants : « Nant Permit ». Mais les organisations de gauche et écologistes se sont améliorées dans l’industrie américaine : le projet a été annulé.

A l’issue de la première liaison, au printemps 2020, le photographe et fils d’agriculteur Raymond Depardon a décidé d’emprunter la route rurale pour vivre un shooting photo pour dix communes au milieu des 280 concernées.

Photographe sur la pointe des pieds

Photographe sur la pointe des pieds

Raymond Depardon télécharge donc une série de 80 photos en noir et blanc au stade de Montpellier. De l’Hérault au Gard par l’Aveyron, une ligne silencieuse se dessine avec des photos, sans leçons. Même l’ombre d’un chat. L’artiste a su rendre la ville plus calme avec des images. Lire aussi : « Dès la première crise, la photographie sera une arme de guerre. ». Ici, les vêtements pendaient en ligne, la camionnette s’est arrêtée pendant de nombreuses années. Ensuite, devant la boulangerie fermée. Raymond Depardon dépeint un pays paisible où il est difficile d’imaginer que la colère a explosé pour en chasser une entreprise américaine.

Entre les photos, la propriété de l’artiste est également affichée. On découvre ses carnets, la carte de France, le vieux sac en cuir qu’il pouvait emporter sur son appareil photo. Raymond Depardon semble avoir travaillé sur la pointe des pieds, honorant les photographes et leurs résidents.

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Retour sur terre(s)

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Cette activité rurale confirme la simplicité du photographe dans ces régions. Arrêter la campagne n’est pas un exercice nouveau pour lui. Lire aussi : Gironde : deux jours dédiés à la photographie au cœur du Vignoble de Pomerol. Avant la Crise, Raymond Depardon se distinguait déjà des Profils Paysans (I et II) mais aussi du film bouleversant La Vie moderne, qui empêche les fermiers-cuisiniers d’afficher un quotidien difficile, douloureux, déprimant.

Mais le journaliste mettra du temps à revenir sur les lieux de son enfance : la campagne. Le fils d’agriculteur a grandi à la ferme Garet de Villefranche-sur-Saône, avant de parcourir le monde pour couvrir un large éventail d’événements, comme la guerre du Vietnam ou l’indépendance de l’Algérie. Il a exploré la campagne à travers le travail de Walter Evans et de Dorothea Lange, une photographe personnelle de premier plan. Dans une interview publiée par le Pavillon Populaire et présentée par la Fondation Cartier, l’artiste raconte ce changement : « J’ai appris à faire des photos, pas des journaux. »

Dans les années 1990, la curiosité le pousse des Ardennes au Massif Central pour réaliser un film. Persuadé qu’il existe encore une zone rurale, il découvre « des gens étranges ». Il écoute, regarde, s’immerge. Il se souvient : « Vous n’entrez en aucun cas dans la ferme. Avec sa patience, il croise la poste, le maire, le voisin et s’implique enfin dans la vie de tous les jours. « Il a beau dire que j’étais fils d’agriculteur », la méfiance existe chez les habitants de Dordogne, de Lozère ou encore d’Ariège. Petit à petit, le photographe s’habitue à sa présence avec son appareil photo, dans lequel il va prendre des clichés mouvants d’intimité et de pudeur.

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La photographie politique

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Ce travail produira trois documents, Peasant Profiles I et II, puis Modern Life. Ceci pourrez vous intéresser : Que fait le gouvernement pour les photographes ?. Cette attitude de longue haleine, ce respect de l’autre, ce regard amoureux sur les paysans se retrouvent aussi bien dans ces films que dans Communic (Fondation Cartier, 2021) ou Rural, un livre photo paru en 2020.

Les retrouvailles avec la campagne ébranlent l’artiste. Il se souvient d’entretiens avec des agriculteurs qui avaient l’habitude de sonner des cloches… en 1990. « Ils disent, nous allons dans le mur là-bas », dit-il. Pour eux, c’était déjà une question de croissance et d’environnement, des idées qui mettront des années à atteindre les grandes villes.

A travers son œuvre, Raymond Depardon démontre la sagesse de la vie rurale, l’avant-garde écologique et l’humilité de ce Français. Il respecte la promesse d’une image chargée d’émotion sans être stupide, intimiste et très politique.

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